Avouons que de travailler à la division des Parcs et de l'horticulture permet d'admirer régulièrement des plantes ou des compositions végétales magnifiquement orchestrées ou sauvagement belles! Plusieurs plantes et arrangements m'ont charmée depuis mon arrivée en poste comme agente technique en horticulture et arboriculture au printemps 2024 à l'arrondissement Sud-Ouest. Ce dernier est l'un des 19 arrondissements de la Ville de Montréal, surtout connu par ses quartiers comme Saint-Henri, Émard ou Griffinton.
Ayant voyagé dans quelques villes du monde dans les dernières années, je reviens toujours à Montréal avec cette certitude: nous avons une ville où la nature sous toutes ses formes gagne du terrain et enrobe de beauté les quartiers.
D'ailleurs, je me demande à quel point les résidentes et résidents du grand Montréal savent qu'ils sont choyés de pouvoir profiter d'autant de parcs, d'espaces verts, de saillies et de plates-bandes si bien aménagés et entretenus.
Et que dire de la diversité chez les arbres et de leur proximité avec le citadin! En quelques années d'efforts soutenus par les différents intervenants sur la biodiversité, les paysages et les parcs, Montréal s'est définitivement taillée une place enviable dans le palmarès des grandes métropoles où il est agréable de vivre ou de se promener.
Parce qu'en ce moment le besoin d'admirer de la verdure est puissant et que c'est une période idéale pour rêver le jardin de l'été prochain, je vous propose une balade photographique agrémentée d'idées à piquer!
Pycnanthemum muticum
Voilà une plante aromatique qu'on verra de plus en plus dans nos aménagements. La menthe des montagnes (Pycnanthemum muticum) attire une foule d'insectes butineurs, un vrai buzz! Ici, elle croit dans un îlot refuge pour les pollinisateurs au parc de La Vérendrye, situé à un jet du métro Jolicoeur. Par ailleurs, cet îlot fait partie du Corridor écologique du grand Sud-Ouest qui est une proposition fantastique pour protéger et mettre en valeur la biodiversité animale et végétale en milieu urbanisé.
IDÉES!
Avec ses bractées argentées, la menthe des montagnes accompagne à merveille les rosiers comme la sublime variété 'At Last' ou les zinnias élégants aux couleurs vibrantes.
Également, pour des récoltes abondantes de tomates et de concombres, la menthe des montagnes s'avère une compagne toute désignée.
Acer griseum
Le menu parc des Métallos est une oasis verte dans laquelle on peut admirer de très beaux spécimens d'érable à cannelle (Acer griseum). Dans le soleil du début d'hiver, leur écorce d'un brun cuivre satiné brille. À l'automne, c'est son feuillage qui s'enflamme! Avec ses deux seuls attributs qui le distinguent, cet arbre mérite d'être davantage planté dans nos jardins.
IDÉES!
L'érable à cannelle est un arbre approprié pour les petits espaces, car il atteint à maturité une hauteur de 8 mètres et une largeur de 4 mètres. Vous désirez mettre son tronc encore plus en valeur? Plantez-le devant une haie de conifères.
Une explosion de couleurs dans une saillie du quartier Émard.
Avouez que cet aménagement est vibrant! Phlox paniculé (rose), rudbeckies (jaune), sauge russe (mauve), hosta 'Sum and Substance' (jaune lime), calamagrostis 'Karl Foerster' (brun biscuit) et hydrangées paniculées (blanc) créent une symphonie joyeusement cacophonique de couleurs.
Saviez-vous que créer et entretenir des aménagements de saillies (prolongements ou renflements de trottoir qui sécurisent et verdissent une rue) est tout un défi?
En effet, il faut considérer qu'un entretien minimum sera fait par des jardiniers, que les plantes choisies devront résister aux extrêmes de chaleur et de froid ainsi qu'au sel de déglaçage ou à l'accumulation de petites roches...
À ces exigences, s'ajoute dorénavant la considération d'offrir un habitat pour les pollinisateurs, d'intégrer des plantes indigènes ou des plantes qui tolèrent l'accumulation d'eau dans le cas de saillies drainantes (avec des abaissements de bordure pour accueillir l'eau de pluie qui ruisselle et s'accumule dans la partie basse de la saillie).
Bref, admirer une saillie qui offre une végétation généreuse et soignée est un peu un exploit!
IDÉE!
Bien qu'une plante qui rappelle les vieux jardins, le phlox paniculé (Phlox paniculata) devrait s'inviter à nouveau dans les aménagements paysagers puisque les nouveaux cultivars sont plus résistants à l'oïdium. Le phlox apprécie un sol bien drainé, humide et riche.
Tournesols sympathiques au Bâtiment 7, Pointe-St-Charles.
De gauche à droite: Physostégie de Virginie blanche (Physostegia virginiana), agastache fenouil (Agastache foeniculum) et verge d'or (Solidago sp.). Un trio de plantes robustes dans le projet du Bâtiment 7 à Pointe-St-Charles.
À la mi-août 2024, je suis allée faire une courte balade avec notre stagiaire Anthony dans la première
ruelle bleue-verte qui longe les
Ateliers collaboratifs du B7. À première vue, les aménagements ressemblent à tout autre aménagement... mais leur différence réside dans leur capacité à accueillir les eaux pluviales du lieu. Ceci permet de traiter les eaux sur le site, notamment au bénéfice des végétaux. Pour en savoir davantage, explorez les informations de
Ruelles bleues-vertes.
IDÉE!
Si votre terrain le permet, créez un jardin de pluie (plus d'info et un guide ici). Vous contribuerez ainsi à réduire l'eau de ruissellement qui est acheminée aux égouts en lui permettant de s'infiltrer dans le sol de votre terrain.
À défaut d'avoir les conditions idéales, il y a l'alternative d'un jardin pluvial, lequel peut être aménagé comme un ruisseau sec qui retient brièvement l'eau après la pluie. C'est ce que j'ai créé chez moi pour gérer l'eau de pluie de 3 gouttières.
Un zelkova du Japon (Zelkova serrata) sur la rue Mazarin.
Tout comme l'orme, le zelkova fait partie de la famille des Ulmacées.
Alors que mon collègue Martin et moi étions à planifier la plantation d'arbres publics sur la rue Mazarin, je remarque un arbre particulier. Planté sur l'emprise publique gazonnée, je ne me trompe pas, il s'agit bien d'un zelkova mature! Jamais je n'en avais vu d'aussi gros à Montréal comme celui qui se tenait devant moi, un spécimen vigoureux planté en 2009. Il faut dire que l'introduction de cette essence au Québec est assez récente.
Comment reconnaitre un zelkova? Jeune, son écorce est plutôt lisse et grise. En vieillissant, l'écorce s'exfolie en présentant du brun ocre (on le voit légèrement sur la photo). Comme l'orme d'Amérique, les branches principales se rassemblent à leur base donnant à l'arbre un aspect évasé. Sa petite feuille est aussi semblable à l'orme. Elle est oblongue et dentée. Toutefois, le feuillage prend des couleurs de feu à l'automne.
Ancolie du Canada (Aquilegia canadensis)
J'ai toujours eu un faible pour notre ancolie indigène. Sa fleur est un petit chant de joie. Sur cette photo, elle se trouve dans un bac à proximité de la bibliothèque Saint-Charles.
Il est si facile de reproduire l'ancolie. Dès que les fleurs sèchent, il suffit de ramasser les graines, de les semer au jardin dans un sol drainé et rocailleux ou sablonneux (bien identifier le lieu pour éviter de le perturber). Ne vous attendez pas à des fleurs la première année. C'est à la seconde année qu'elles apparaissent au printemps.
IDÉE!
Saviez-vous que l'ancolie du Canada attire l'oiseau-mouche?
Voici d'autres plantes qui les attirent à intégrer dans une plate-bande visible d'une fenêtre: le fuschia 'Gartenmeister Bonstedt' (annuelle), l'asclépiade tubéreuse (vivace), l'agastache rupestre (vivace), le liatride (vivace) et la lobélie du Cardinal (vivace).
Narcisses jaunes sur le boulevard Monk près de la rue Saint-Patrick.
Ce choeur de narcisses joyeux égayent sans équivoque après la disparition des dernières plaques de neiges brunes.
Dans l'arrondissement du Sud-Ouest, les jardiniers intègrent depuis quelques années des bulbes printaniers aux aménagements en bordure de rue afin d'apporter de la couleur à une période de l'année où les vivaces et arbustes sont plutôt discrets.
La présence de bulbes en fleurs envoie également le message que l'endroit n'est pas à piétiner ou n'est pas une zone de débarcadère à déchets...
IDÉES!
Chaque automne, procurez-vous quelques nouveaux bulbes et si vous le pouvez, attendez les rabais à 50% juste avant les premières neiges.
Pour un effet saisissant, plantez de grands groupes des mêmes bulbes: au moins 12 bulbes par groupe pour les tulipes et les narcisses; au moins 50 pour les petits bulbes comme les crocus.
Si vous choisissez des variétés différentes, optez pour des nuances similaires, par exemple le crème avec le jaune pâle. Le résultat n'en sera que plus harmonieux.
Carré d'arbre avec une végétation spontanée.
Plusieurs arrondissements de la Ville de Montréal encouragent les résidentes et résidents à aménager et entretenir les carrés d'arbres à proximité de leur résidence.
Cette implication citoyenne a son lot de bienfaits, dont celui d'agrémenter les rues, de développer un sentiment d'appartenance envers son quartier et d'offrir un habitat pour les insectes utiles. C'est le cas du Sud-Ouest qui favorise cette implication dans le cadre d'un programme d'adoption de carré d'arbre.
Toutefois, dans le cas du carré d'arbre présenté ci-haut, la nature s'est occupée elle-même de garnir l'espace vacant au pied de l'arbre! Le bleu profond de la vipérine commune (Echium vulgare) se marie naturellement avec le rose pâle de l'asclépiade commune (Asclepias syriaca) et le beige satiné du silène enflé (Silene vulgaris).
IDÉES!
Il y a un espace vacant autour de l'arbre en trottoir devant votre résidence? Embellissez-le de fleurs sauvages!
Si l'espace au sol fait plus de 3 m carrés et que le site est ensoleillé, semez un mélange de plantes sauvages comme proposé par Akène. Si l'espace est plutôt à l'ombre, optez pour le mélange Renature Sol sec avec fleurs produit par la Pépinière rustique. Vous pourriez également faire une cueillette responsable de graines lors de vos promenades en nature et les semer à l'automne sur le sol préparé.
Si les vivaces de votre mélange sont très hautes et nuisent au passage ou à la visibilité, taillez-les d'un tiers autour de la fin mai. Cela peut retarder les floraisons, mais rend les plantes plus florifères et trapues.
Érable à sucre (Acer saccharum) dans Côte-Saint-Paul.
Au cours de l'été, l'érable à sucre passe inaperçu. Seuls sa feuille emblématique et son tronc fier dont l'écorce a de longues crêtes verticales nous indiquent qu'il s'agit bien de cette attachante essence qui nous permet d'obtenir le savoureux sirop.
Et puis l'automne surgit. Flamboyant dans ses atours de feu, l'érable à sucre est devenu une diva qui nous fait tourner la tête!
Dans ce joli quadrilatère vert qu'est le parc Garneau, vous pourrez voir ce jeune érable entouré de majestueux érables argentés. Également à contempler, des banquettes fleuries par des citoyens impliqués à proximité.
Si vous comptez planter un érable à sucre en ville, sachez qu'ils redoutent le sel. Il leur faut donc un grand parterre gazonné et un site loin des embruns salins: pas de bords d'autoroute!
IDÉE!
Saviez-vous que les feuilles d'érable sont acides (PH autour de 4). En plantant sous l'érable des herbacées et des arbustes typiques d'érablières, cela aidera à contrebalancer l'effet acidifiant des feuilles d'érable en décomposition.
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