Le 10 février, je débutais mon nouvel emploi comme jardinière (gardener) à Selwyn College. Ce dernier fait partie de l'un des 31 collèges de l'Université de Cambridge et a été fondé en 1882. Il faut savoir que cette université, tout comme celle d'Oxford, fonctionne sur un système de collèges. Chacun d'eux gère notamment l'admission de l'étudiant et lui offre un espace de socialisation, de supervision et souvent un lieu d'habitation.
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La plate-bande nommée Student border (Selwyn Gardens) en octobre 2021. |
Chaque collège est autonome et engage ses employés. Pareillement, chaque collège a ses bâtiments avec son entrée principale avec son service d'accueil et de sécurité (Porter's Lodge), ses espaces verts et ses jardins. J'ai donc rejoint une équipe de 3 personnes (Alex, Laurie et Paul, ce dernier est semi-retraité) qui entretiennent les jardins, desquels je suis tombée en amour en octobre dernier. Drôle le hasard!
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Un collage de mes plus belles photos des jardins en octobre 2021. J'étais sous la charme et sans savoir que j'allais y travailler 4 mois plus tard!
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Depuis mon arrivée, j'ai pu planter des rosiers à racines nues provenant de chez
David Austin Roses, repiquer des boutures de rudbeckies prévues pour la fameuse Victorian Border, nettoyer les jardins, voir la tempête Eunice casser une large tête de l'un des deux magnifiques cèdres à encens (
Caloedrus decurrens) qui font les majordomes dans le Lower lawn et... boire beaucoup du thé! Le rituel du thé à 10h, et parfois l'après-midi si le temps est pluvieux (ça arrive assez souvent ici!), est un incontournable. J'ai d'ailleurs ma tasse à la thématique tout à fait appropriée et qui m'a été offerte par ma mère avant mon départ.
J'ai également eu l'opportunité de visiter LA plus grande pépinière d'arbres en pots d'Europe. Il s'agit de Barcham Trees à Ely. La pépinière a un inventaire de 200 000 arbres en pots sur un terrain si immense que pour sélectionner ses arbres, il faut s'y promener accompagné dans un véhicule tout-terrain. Cela laisse toute une impression. J'ai accompagné le head gardener Alex afin de sélectionner 10 arbres dont des cerisiers 'Umineko', un marronnier (Castanea sativa) et un lilas des Indes (Lagerstroemia indica). La pépinière se démarque par l'utilisation de pots blancs (Light Pot system). Le matériel blanc permet à une partie de la lumière de traverser le pot et d'atteindre les racines. Cela active une réaction phototropique et géotropique chez les racines qui cherchent alors à s'éloigner de la lumière. Ainsi les racines ne forment pas une masse compacte en spirales, comme vous avez sûrement déjà constaté en retirant des plantes bien établies en pot de plastique noir. Jardiner en Angleterre alors qu'on a toute sa vie jardiné au Québec est une expérience tellement enrichissante. La nouveauté s'offre à moi tous les jours. Je me sens comme lorsque j'avais 18 ans et que j'apprenais en accéléré le nom des plantes, que je mémorisais des informations sur leur culture (période de floraison, dimensions, type de sol, etc.). Je suis une horticultrice en rééducation! Déstabilisant, mais stimulant.
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Coupe des vivaces dans le pré fleuri de Ann's Court. |
De même, j'ai dû apprendre le nom des outils en anglais d'Angleterre. Une petite liste ?
- Soil rake : râteau
- Leaf rake : balai à feuille
- Shears : cisailles
- Lopers : sécateur à long manche
- Brush : balai
- Mattock : pioche
Mes collègues sont d'agréable compagnie. Ils parlent souvent de football évidemment, mais adorent aussi discuter de géographie européenne, d'histoire britannique, de politique, de voyages et potiner bien sûr. À leurs côtés, j'apprends des expressions comme 'Losing the plot' (perdre la tête) ou 'Kicking the can down the road' (repousser une action à plus tard), tout ça en perfectionnant mon anglais avec une touche british!
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Le printemps est bel et bien là! En haut, iris réticulés. En bas, tapis de crocus, d'anémones de Grèce et d'aconits d'hiver. |
ô combien je t'envie! Nous avons passé 18 mois en Angleterre où j'ai créé des racines... nous y retournons (ou plutôt retournions avant la pandémie) à chaque année... Je m'ennuie de tout ce que j'aime de làbas; la météo (oui!), les gens, l'humour, les "charity shops", les odeurs... Savoure!!!
RépondreEffacerBonjour Éphée! Quel beau témoignage! Je savoure autant que possible chaque jour passé ici, car je sais que de retour au Québec, je vais certainement être nostalgique comme vous. Je vous souhaite de revenir très bientôt! Merci pour votre passage à Je suis au jardin ;)
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